Le prix Nobel de médecine 2011 a été décerné ce lundi 3 octobre à l'Américain Bruce Beutler, au Français Jules Hoffmann et au Canadien Ralph Steinman, pour leurs travaux sur le système immunitaire.
"Les lauréats du Nobel de cette année ont révolutionné notre compréhension du système immunitaire en découvrant les principes clef de son activation", indique dans un communiqué le comité Nobel.
Beutler et Hoffmann vont se partager la moitié du prix d'un million d'euros remis aux lauréats pour leurs travaux sur le système immunitaire inné, tandis que Steinman obtiendra l'autre moitié de la somme, pour ses travaux sur le système immunitaire adaptatif.
Vous pouvez consulter les témoignages dans le livre d'or qui a été remis à Jules Hoffmann.
Biologiste, directeur de recherche émérite au CNRS et professeur à l'Université de Strasbourg, Jules Hoffmann vient de recevoir la plus haute distinction scientifique en France : la médaille d'or du CNRS. Elle met ainsi à l'honneur ses travaux sur l'étude des mécanismes génétiques et moléculaires responsables de l'immunité innée chez les insectes.
« Je ne suis pas fier, je suis heureux », a commenté Jules Hoffmann lors de l'annonce de l'attribution de sa médaille d'or du CNRS 2011 ce 22 septembre. Elle lui sera remise officiellement par Laurent Wauquiez, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, le 13 décembre prochain. Cette récompense distingue chaque année, depuis sa création en 1954, l'ensemble des travaux d'une personnalité scientifique qui a contribué de manière exceptionnelle au dynamisme et au rayonnement de la recherche française. Jean-Marie Lehn l'avait obtenue quelques années avant d'être lauréat du Prix Nobel de chimie. Jules Hoffmann a suivi le même chemin...
Président de l'Académie des sciences française en 2007 et 2008, Jules Hoffmann est également membre des Académies des sciences des États-Unis, d'Allemagne et de Russie. Il a reçu de nombreux prix prestigieux comme dernièrement le Prix Rosenstiel pour l'immunité (2010), le Prix Keyo de Médecine (2011), le Prix Gairdner 2011 en sciences médicales, et le Prix Shaw 2011 en sciences du vivant et médecine. Jules Hoffmann est également Chevalier de la Légion d'Honneur. Il a créé et dirigé le laboratoire CNRS "Réponse immunitaire et développement chez les insectes", installé à l'Institut de biologie moléculaire et cellulaire à Strasbourg où il poursuit toujours ses travaux avec ses collaborateurs.
F.D.
Depuis avril 2009, Isabelle Kraus, chargée de mission Égalités-diversité, agit pour promouvoir l'égalité des traitements et lutter contre toute forme de discrimination concernant les personnels de l'Université de Strasbourg (Unistra).
Avez-vous établi un état des lieux de la répartition femmes/hommes à l'Unistra ?
J'ai réalisé un certain nombre de cartographies qui doivent encore être affinées. Lorsqu'on regarde la répartition femmes/hommes à l'université : 66/34 pour les personnels Biatoss et 38/62 pour les enseignants-chercheurs, on constate vite que ces pourcentages globaux ne sont pas pertinents. Il faut voir population par population, secteur par secteur, catégorie par catégorie pour commencer à pointer des tendances. Ces cartographies seront bientôt publiées dans le magazine Savoir(s). On y retrouvera le fameux "plafond de verre" pour les enseignantes-chercheures, mais aussi un autre regard sur l'idée que "l'administration est majoritairement féminine". Il est important aussi d'analyser l'évolution de ces répartitions avec le temps.
Quelles actions portent aujourd'hui leurs fruits ?
Le Conseil d'administration (CA) m'a demandé en 2009 d'évaluer la répartition femmes/hommes dans les comités de sélection des enseignants-chercheurs. Un grand nombre d'entre eux étaient alors masculins à 90% voire 100%, alors que les viviers concernés comportaient des femmes. Pour changer cette tendance, j'ai demandé l'ajout des colonnes h et f sur les formulaires de composition des comités, ce qui permet une prise de conscience et a déclenché de suite un début d'amélioration. Le CA, de par la validation ou non des comités proposés, a lui aussi permis une belle avancée : il n'y a eu qu'un seul comité masculin à 100% sur les 67 qui ont siégé cette année. Je travaille aussi à développer le réseau des carrières conjointes organisé dans le cadre des Universités du Rhin supérieur. Sa vocation est d'informer le ou la conjoint(e) d'une personne recrutée des possibilités d'emploi. Pour l'instant, ce sont surtout les universités partenaires qui ont sollicité Strasbourg. Nous étudions depuis juin avec la DRH la possibilité d'avoir une personne dédiée à cette activité comme cela se fait en Allemagne. La mission commence aussi à être plus connue, mieux identifiée, et les saisines des personnels, en particulier Biatoss, sont plus nombreuses.
Vous êtes à l'origine de la création d'une Conférence permanente des chargé(e)s de mission Égalité et diversité ?
Ma mission m'amène souvent à travailler seule. J'ai pensé qu'il serait enrichissant de connaître le travail de mes homologues. Nous avons identifié 17 chargé(e)s de mission Égalité, ou apparenté, dans les 87 universités françaises. Nous nous sommes rassemblés en janvier à Strasbourg pour présenter nos missions et actions respectives. La Conférence a été créée en juin. J'en suis la présidente. Depuis, je travaille pour qu'un lien et des échanges de pratiques se créent entre nous. La Conférence peut être un interlocuteur du ministère sur nos préoccupations.
Vous travaillez aussi pour améliorer la qualité de vie professionnelle des personnels ?
Certaines saisines des personnels de l'université ont en effet cet impact. Des soucis de discrimination, de harcèlement ou d'abus de pouvoir donnent lieu parfois à des mesures dont bénéficiera toute notre communauté. C'est un travail pour lequel il faut être à l'écoute, diplomate et surtout garantir aux personnes la confidentialité lors de toute démarche.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
Pour les données statistiques, le travail m'est simplifié par le Service d'aide au pilotage et la DRH, qui sont toujours prêts à m'aider. Mais il reste à convaincre encore beaucoup de personnes de l'importance de la question de l'égalité femmes/hommes et des discriminations. Ces considérations irritent parfois car elles sont perçues comme complexifiant les situations. Le statut dérogatoire des universités dans certaines lois françaises sur la représentation femme/homme, ne simplifie pas le travail non plus. Et surtout, étant seule, je manque cruellement de temps pour couvrir toutes les facettes de ma mission. Ce serait sans doute le bon moment de monter en puissance sur ce sujet.
Malgré tout, vous avez des projets ?
Oui ! Je poursuis la cartographie qui permet une prise de conscience collective et qui constitue un fort argumentaire auprès des décideurs. Je souhaite aussi mettre à disposition des personnels de l'université une formation aux questions de genre. Par ailleurs, le ministère a montré qu'il existe une discrimination salariale entre femmes et hommes due aux retards de carrière ou à l'octroi de primes : je projette de regarder ce qu'il en est à l'Unistra, mais c'est un travail de titan et nous devrons être plusieurs.
Propos recueillis par Floriane Andrey
L'Université de Strasbourg et l'Académie de Strasbourg sont partenaires d'un nouvel appel à projets des Investissements d'avenir concernant la création d'un réseau de Maisons régionales pour la science et la technologie, porté nationalement par l'Académie des sciences.
Six universités en France pourront accueillir en leur sein une Maison régionale pour la science et la technologie, dont celle de Strasbourg. La mission centrale de cette Maison consiste à assurer la formation continue, dans le domaine scientifique, des enseignants des écoles maternelles et primaires, et des collèges. Très concrètement, la Maison pourra s'organiser autour d'un site principal, installé physiquement à l'Institut de zoologie, et de 3 sites satellites (Haguenau, Colmar et Mulhouse). Des formations de 1 à 3 jours y seront organisées régulièrement. La Maison serait aussi un centre de ressources (documentation scientifique, matériel expérimental, etc.), et un lieu de contact entre les enseignants, les chercheurs et les industriels. Ses missions impliquent naturellement un volet « égalité des chances », comme l'explique Sébastien Soubiran, responsable au Jardin des sciences de la mise en œuvre de la politique muséale de l'université, et chargé de projet « Maison régionale de la science et de la technologie » pour l'Unistra : « Beaucoup de professeurs des écoles se déclarent mal à l'aise dans l'enseignement des sciences. L'objectif est de leur donner des outils pour progresser dans la transmission des connaissances scientifiques. Ce qui impacte la manière dont les élèves percevront ces disciplines ». Un enjeu d'autant plus important dans les milieux scolaires les plus défavorisés.
Des formations diplômantes
« Le Jardin des sciences, en partenariat avec l'Académie de Strasbourg, a développé depuis de nombreuses années des activités qui sont tout à fait dans le profil de celles qui seront proposées par la « Maison », explique Hugues Dreyssé, directeur du Jardin des sciences. Un contexte favorable à la création d'une structure de ce type était donc en place. Nous ne partons pas de zéro, donc nous savons que nous pourrons être opérationnels dès 2012».
L'adossement de la Maison à l'université (exigé par l'Académie des sciences), permet une rencontre naturelle du milieu de l'enseignement et de celui de la recherche, et offre aussi la possibilité de construire des formations diplômantes (de type DU, par exemple), qui devraient constituer une motivation supplémentaire pour les professeurs. L'ambition est grande puisque le dispositif prévoit de former tous les enseignants des premier et second cycles de la région sur 5 ans. Le budget de la Maison régionale de la science et de la technologie est estimé à 1 million d'euros pour chaque année. Elle sera normalement financée pour moitié par les Investissements d'avenir, pour moitié par l'Unistra et l'Académie de Strasbourg.
C.L.
Un diplôme universitaire (DU) Droit, société et pluralité des religions ouvrira en octobre 2011 à l'Université de Strasbourg.
Ce nouveau DU s'adresse aux cadres religieux de toutes confessions, aux agents des collectivités territoriales et de l'État, aux responsables d'associations, enfin à toute personne soucieuse d'acquérir une formation sur les institutions de la République, l'histoire et la sociologie religieuses de la France, et les statuts des cultes en France et en Europe. « Il complète une offre de formation proposée par l'Université de Strasbourg dans le cadre de son pôle de formation et de recherche en sciences et droit des religions, explique Francis Messner, directeur de recherche au CNRS, spécialiste du droit des religions, qui enseignera dans le DU. Strasbourg dispose en effet d'un fort potentiel dans ce domaine avec deux facultés de théologie, un groupement d'intérêt scientifique "sciences des religions" et des laboratoires de recherche spécialisés dont l'UMR PRISME*».
Le contenu de ce DU, dirigé par Céline Pauthier, s'organise autour de 3 grandes parties : présentation du cadre sociologique, historique et légal français, de l'organisation des cultes en France et en Europe, et enfin, de la gestion et de la fiscalité des cultes. Soit 150 heures de cours sur une année universitaire. Le recrutement se fait à partir du niveau bac, sur dossier de candidature. Une bonne maîtrise du français est indispensable.
Le dossier d'inscription est à adresser au secrétariat du DU, Faculté de droit, sciences politiques et gestion, bureau 109, 1 place d'Athènes, BP 66, 67045 Strasbourg cedex. T. 03 68 85 82 42.
Les inscriptions se déroulent jusque fin octobre.
C.L.
*PRISME - Politique, religion, institutions et sociétés : Mutations européenne, Unité mixte de recherche 7012 (Unistra/CNRS), dirigée par Francis Messner.
Envoyez votre info à lactu@unistra.fr avant le mercredi 12 octobre midi pour une parution le vendredi 14 octobre 2011.
Consultez les dates des prochains numéros.